Samedi 13 mai 1995, 21h
On parle d’elle comme d’une révélation: à 26 ans, la pianiste lausannoise Sylvie Courvoisier apporte un vent de fraîcheur et de douce folie dans les territoires souvent trop balisés du jazz helvétique. Tournant résolument le dos au be bop et à tout le courant «mainstream » particulièrement vivace en Suisse romande, aussi bien qu’au «revivalisme» à la Wynton Marsalis qui fait les choux gras des maisons de disque et des festivals de jazz, elle cherche (et trouve) son inspiration auprès de musiciens comme Omette Coleman ou Cecil Taylor, ou encore Thelonious Monk qu’elle considère comme son plus grand maître à jouer. Mais attention on n’est plus dans le free déjanté et agressif des années soixante: ici la mélodie et l’harmonie restent primordiales, et les improvisations sont cousues d’humour et de poésie. Programmée lors de la soirée de clôture du dernier Festival de Cully, Sylvie Courvoisier a véritablement subjugué la critique et un public pourtant plus porté sur la tradition que sur la nouveauté. Pour cette nouvelle tournée, en plus de ses musiciens habituels (Giuglielmo Pagnozzi, sax soprano, Jean-Jacques Pedretti, trombone, Banz Oester, contrebasse et Pascal Portner, batterie) elle invite également l’un des plus extraordinaires musiciens de jazz français, le tubiste Michel Godard.